Vous avez dit Agriculture durable ?

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Agroécologie, agriculture biologique, agriculture raisonnée, agriculture régénérative… Avec toutes ces notions, il est facile de s’y perdre. Éclairage sur trois grands courants qui façonnent l’avenir de notre agriculture.

L’agroécologie : produire plus avec moins…

L’agroécologie, popularisée par Miguel Aliteri [1]dans les années 80, est une approche intégrée de l’agriculture qui combine des principes écologiques et sociaux dans la conception et la gestion des systèmes alimentaires. Son objectif principal est de produire plus avec moins. Pour y parvenir, l’agroécologie met en œuvre des techniques telles que la rotation des cultures, l’agroforesterie, la conservation des ressources en eau et la promotion de la biodiversité. Elle accorde également une importance primordiale à la participation active des agriculteurs et des communautés locales dans la prise de décisions et la mise en pratique des pratiques agricoles durables.

 

Évolution du paradigme…

Le schéma présenté par Michel Dubois en juin 2022 chez Agridées est révélateur. Il illustre le changement de paradigme qui s’est opéré depuis l’après-guerre, où la priorité était donnée à une production toujours plus importante, vers une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux.

L’agriculture de conservation : vers le semis direct…

L’agriculture de conservation des sols repose sur trois piliers fondamentaux :

  • Tout d’abord, elle promeut la couverture végétale permanente du sol, en maintenant une végétation continue pour protéger les sols de l’érosion et améliorer leur structure.
  • Ensuite, elle encourage la diversification des cultures par des rotations régulières, favorisant la fertilité du sol et réduisant les risques de maladies et de ravageurs.
  • Enfin, elle adopte le semis direct, une technique qui consiste à semer les cultures sans labourer ou retourner le sol. Cette approche préserve la structure du sol, favorise la vie microbienne bénéfique et réduit la consommation d’intrants et d’énergie.

Bien que souvent considérée comme élitiste en raison de l’expertise élevée qu’elle demande. Elle rassemble près de 3 000 agriculteurs regroupés en  réseau pour partager leurs connaissances et leurs expériences.

L’agriculture régénérative : restaurer la santé des sols…

Dans la même lignée, l’agriculture régénérative vise à restaurer la santé des sols et des écosystèmes agricoles tout en minimisant l’utilisation d’intrants. Cette approche met l’accent sur la régénération des sols, la capture du carbone et la promotion de la biodiversité. Contrairement à l’agriculture conventionnelle axée sur les rendements élevés, l’agriculture régénérative cherche à établir des systèmes agricoles résilients et durables à long terme. Elle fait appel à des pratiques telles que l’utilisation de compost et de fertilisants organiques, l’agroforesterie,

 

Face à l’urgence climatique et aux enjeux de souveraineté alimentaire, il est temps de dépasser les querelles de chapelle et de reconnaître la complémentarité des approches agroécologiques, de l’agriculture de conservation des sols et de l’agriculture régénérative. Ces trois courants offrent des solutions concrètes pour une agriculture durable, respectueuse de l’environnement et socialement responsable.

Il est essentiel de reconnaître le rôle central des agriculteurs dans la réussite de ces démarches. Leur expertise et leur savoir-faire doivent être valorisés et soutenus. Les pouvoirs publics doivent éviter de créer des obstacles administratifs et faciliter l’accès aux aides et aux accompagnements nécessaires.

De plus, il est crucial d’éduquer les consommateurs sur l’importance de faire des choix alimentaires durables et de soutenir les agriculteurs engagés dans ces pratiques. Cela peut impliquer de payer un prix plus juste pour une alimentation de qualité.

En travaillant ensemble, en encourageant la collaboration et en promouvant ces approches innovantes, nous pouvons construire un avenir prometteur pour notre agriculture nationale.

 

Valérie SENE

Entrepreneuse RSE

Valsendo : ensemble vers des modèles d’affaires circulaires et collaboratifs

 

 

 

 

[1] Ingénieur agronome chilien, professeur d’agroécologie à l’Université de Californie (Berkeley), , conseiller scientifique du CLADES (Consorcio Latinoamericano en Agroecología y Desarrollo) et de la FAO, auteur de multiples ouvrages sur l’agriculture durable et l’agroécologie, dont le classique L’agroécologie : bases scientifiques d’une agriculture alternative.

 

 

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