« Une forêt protégée, c’est une forêt gérée durablement, au bénéfice des populations locales. »

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Le One Forest Summit s’est tenu à Libreville début 2023. Il a pour but de trouver des solutions pour préserver les forêts tropicales.

 

Le Plan de Libreville

L’accord signé entre les pays forestiers et la communauté internationale s’organise autour de 5 piliers :

  1. L’engagement politique pour stopper et inverser la déforestation d’ici 2030.
  2. Un principe de cohabitation entre l’Homme et la Nature avec l’accent mis la gestion durable dont les bénéfices en termes environnementaux que socio-économiques devraient revenir en premier lieu aux populations locales
  3. Une ambition environnementale qui profite aux populations : protéger la forêt est aussi une opportunité économique pour les pays forestiers ;
  4. Protéger ce qui est vital : mangroves, tourbières, certaines forêts primaires qui abritent des espèces dites « parapluie » car elles soutiennent à elles seules les écosystèmes (gorilles, orangs-outans, éléphants, jaguars…).
  5. Rémunérer les services rendus au reste du monde par les pays forestiers.

 

3 volets d’action

La progression des connaissances et la promotion de la coopération scientifique sur les écosystèmes forestiers.

    • Les scientifiques ont lancé le projet One Forest Vision. Il s’agit mieux connaître la valeur de la forêt, en cartographiant dans les cinq prochaines années les réserves vitales de carbone et de biodiversité mondiales et en mesurant le niveau de séquestration de carbone des forêts tropicales.
  • La promotion de chaînes de valeur durable dans le secteur forestier.
    • Le Gabon, la France et le Canada ont lancé une plateforme intergouvernementale sur l’utilisation durable du bois et des matériaux biosourcés dans la construction.
  • Le développement de sources de financement innovantes, notamment en explorant les solutions de conservation de la biodiversité fondées sur le marché.
    • Pour la première fois, au lieu de parler exploitation (dans son acception coloniale) la communauté internationale pourrait rémunérer les pays forestiers qui s’engagent à « une haute ambition pour la Nature » pour les services de séquestration du carbone : les acteurs financiers ont annoncé la mise en place de « crédits carbone à très haute intégrité environnementale », Ce plan repose sur des actions déterminantes et vérifiées de restauration des écosystèmes séquestrant le carbone.

 

Réaction

Alain Karsenty, économiste, chercheur au CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), s’insurge

« La rhétorique de la « rémunération pour les services rendus par la nature » est totalement inappropriée car elle éloigne de la question essentielle des moyens par lesquels on peut faire avancer la lutte contre la déforestation : quelles politiques doivent-elles être mises en œuvre pour faire :

  • évoluer profondément les pratiques agricoles,
  • clarifier les droits fonciers,
  • permettre l’accès des populations à des énergies alternatives au charbon de bois,
  • accélérer la transition démographique en Afrique par l’autonomie économique et sociale des jeunes femmes,
  • aménager les territoires,
  • progresser vers l’Etat de droit… 

Et cette rhétorique escamote également les changements nécessaires à consentir dans les pays industriels quant aux modes de consommation (viande, agrocarburants, etc.) pour réduire la demande de produits contribuant à la déforestation.

Les deux logiques sont très différentes : dans l’une, on verse des rentes. Dans l’autre, on incite à des changements ou à conserver des pratiques vertueuses. »

Pas faux !

Là encore, le problème est planétaire et la solution systémique. Elle pourra être pérenne et viable que si tout le système bouge en revoyant sa façon de produire (durablement) ET de consommer (sobrement).

Valérie SENE

Dirigeante, fondatrice

Valsendo : ensemble vers des modèles d’affaires circulaires et collaboratifs

 

 

[1] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/03/03/promettre-une-rente-aux-etats-ne-permettra-pas-de-reduire-la-deforestation_6164057_3212.html

 

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