Pour une souveraineté alimentaire durable

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L’institut Montaigne vient de publier un rapport de 200 pages intitulé « En campagne pour l’agriculture de demain – propositions pour une souveraineté alimentaire durable. » [1]

C’est Hervé Gaymard ancien ministre de l’Agriculture qui a piloté le groupe de travail.

Contexte alarmant : recul de la compétitivité agricole et agroalimentaire

Notre balance commerciale en produits alimentaires est excédentaire, mais le constat est trompeur. Ce n’est le fait que des céréales, vins et spiritueux et produits laitiers.

Si rien n’est fait pour enrayer le déclin de la production agricole française en Fruits et légumes par exemple, la France pourrait devenir importatrice nette à horizon 2023- Déjà 30 % des produits laitiers consommés en France sont importés, 25 % pour les produits à base de viande.

C’est également le cas pour les protéines végétales. Structurellement le secteur réalise des importations massives en soja pour l’alimentation du bétail et met en tension la souveraineté nationale et européenne.

Tension aussi sur l’aval des filières avec l’émergence de l’e-commerce (6% des ventes de produits de grande consommation). Le modèle de la grande distribution est déstabilisé et challengé. La grande distribution et les industries agroalimentaires concentrent la valeur ajoutée générée par l’amont : pour 100 euros dépensés en achat alimentaire, un agriculteur reçoit aujourd’hui environ 10 % de la valeur ajoutée.

La pénibilité, le poids du foncier et la faible rémunération pèsent sur l’attractivité du secteur agricole Or à l’horizon 2030,  un agriculteur sur deux devrait partir à la  retraite.

Enfin la PAC [2] fait l’objet d’arbitrages contradictoires et pénalisants pour beaucoup de filières agricoles au motif de la conciliation avec les engagements climatiques du Pacte Vert (Green Deal) et d’autres priorités européennes.

 

Répondre à un triple défi : démographique, climatique et d’opinion publique

Nourrir 9,7 milliards de personnes à horizon 2050, dans un souci de santé globale, c’est-à-dire en évoluant vers des régimes nutritionnellement plus équilibrés (moins calorique, plus végétal) demande aux systèmes agricoles de s’adapter quantitativement et qualitativement.

Le changement climatique confronte ces mêmes modèles agricoles à des bouleversements inédits :

  • Gestion de la ressource en eau (la France stocke seulement 5 % de sa ressource disponible en eau, contre près de 50 % en Espagne).
  • Défi de la décarbonation et de la neutralité carbone pour un secteur qui contribue à hauteur de 19% aux émissions de gaz à effets de serre.
  • Enjeu technique, technologique et financier pour la recherche, le développement et l’innovation.

Pour devenir agriculture de précision, connectée, régénérative, les défis sont immenses. D’autant que la perte du lien au rural et l’agribashing creusent la distance entre les professionnels, les amateurs et la société civile.

 

Partager une vision collective nouvelle et ambitieuse.

La France a des atouts à faire valoir :  richesse de ses territoires, diversité de ses signes de qualité,  réputation de son patrimoine gastronomique et culinaire. Elle peut également compter sur le dynamisme de son écosystème agri-tech : robotisation digitalisation, biotechnologies, recherche variétale… Combinant performance économique et environnemental, l’agriculture doit renouer le dialogue avec grand public, repenser la coexistence des circuits longs et courts réduire sa dépendance aux importations et basculer dans une logique de flux tirés par la demande des consommateurs et non de flux poussés par la production disponible.

 

Fixer le cap pour devenir « le premier pays agricole durable ».

Les auteurs du rapport estiment que c’est possible à condition d’ouvrir et de mener à bien 6 chantiers :

  • Assurer la cohérence des politiques publiques, notamment entre la PAC et la politique commerciale ;
  • Restaurer la compétitivité des filières agricoles ;
  • Revaloriser le revenu agricole, notamment par la diversification et l’attractivité des métiers ;
  • Donner aux agriculteurs les moyens de produire et entreprendre durablement (foncier, eau, innovation…) ;
  • Intensifier l’accompagnement et les changements de pratiques agricoles
  • Œuvrer à la transition alimentaire ;

Impossible de tout détailler ! Aussi, je vous engage à lire le résumé ou le rapport. Il constitue une bonne feuille de route pour les filières agricoles, et pour la France qui prend la présidence de l’Union européenne au premier semestre 2022.

Valérie SENE

Dirigeante, fondatrice

Valsendo : la boussole des organisations professionnelles

 

 

[1]https://www.institutmontaigne.org/publications/en-campagne-pour-lagriculture-de-demain

[2] Qui devrait se renommer Politique Agricole et Alimentaire Commune pour mieux faire comprendre combien elle est centrale et stratégique dans nos vies de citoyens européens.

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