Organisations professionnelles : transformation et modernisation

, le

Qu’est-ce qu’une organisation professionnelle ?

L’organisation  professionnelle[1] est une structure de droit privé à but non-lucratif. 2/3 d’entre elles ont un statut de syndicat professionnel (loi de 1884) et 1/3 d’association (loi de 1901).

L’association professionnelle est chargée de représenter, défendre et promouvoir les spécificités ou les intérêts de ses adhérents. Elle apporte de nombreux services (assistance juridique, contrats de groupe, études économiques, salons professionnels, publications…) à ses adhérents.

Chiffres clés

En France, selon le CEDAP[2] Il existe un peu moins de 900 associations professionnelles, structurées au niveau national. Elles représentent la quasi-totalité des secteurs d’activité, du secteur primaire à celui des services et du commerce. Elles rassemblent 2,2 millions d’adhésions d’entreprises (adhésions et non entreprises adhérentes car une entreprise peut adhérer à plusieurs associations professionnelles). Leur budget global est de 1,6 M d’euros cumulés en 2015.

À noter que ce chiffre masque des réalités diverses puisque 29% des associations ont un budget de moins de 500 000 euros et 2/3 fonctionnent avec moins de 2 millions d’euros.

Les associations professionnelles sont indépendantes financièrement : les recettes proviennent pour 88% en moyenne de fonds propres (cotisations, services marchands), c’est un critère important de leur représentativité. En termes de ressources, elles fonctionnent en moyenne avec 10 collaborateurs mais la médiane[3] est à 4 personnes.

Perception et image

« Les associations professionnelles sont bien identifiées par les Français comme une interface entre le terrain, un secteur et les pouvoirs publics malgré un léger déficit de confiance. Leur rôle est d’ailleurs reconnu comme nécessaire notamment dans la défense des intérêts sectoriels. Les Français ressentent donc la légitimité d’un intérêt d’ensemble. Nous avons besoin d’une normalisation des relations entre pouvoirs publics et associations professionnelles pour introduire plus de fluidité et surtout déclencher un réflexe chez les représentants politiques d’entendre systématiquement les représentants du corps social. », confie Matthieu Rosy, Président du CEDAP.

Enjeu de transformation et de modernisation

Objectif (difficile à atteindre) : agir en anticipation plutôt qu’en réaction

Plus l’organisation dispose de collaborateurs salariés, plus elle a des possibilités d’intervenir en amont du processus législatif, auprès de l’administration et des politiques Mais, la plupart avouent ne pouvoir intervenir qu’en réaction, quand le problème se pose !

La plupart des organisations sont conscientes de la nécessité d’être exemplaires : toutes cherchent à développer des pratiques vertueuses. La grande majorité des 151 organisations ayant répondu à l’enquête du CEDAP de mai 2018[4] pense qu’il est important de rénover les pratiques d’affaires publiques pour répondre aux aspirations de la société civile par des communications plus sincères (17%), une plus grande transparence (15%) et une meilleure utilisation des outils numériques (9%).

 

Nécessité de jouer un collectif large

L’ouverture à l’écosystème des parties prenantes reste un virage important à négocier. Les plus en pointe, en particulier les répondants de l’enquête CEDAP estiment que la concertation avec leurs parties prenantes à des effets positifs en termes de compréhension mutuelle ou de qualité technique des propositions faites pour le secteur. Elles sont prêtes à s’investir dans des outils innovants de co construction. Elles souhaiteraient aller plus loin dans l’expertise technique de leurs propositions et se disent prêtes à même les partager plus largement.

 

Donner de la voix

Dans un climat de défiante montante, la mission première des organisations est d’être un organe de concertation et de dialogue. Leur expertise technique est généralement à mettre à leur actif. Mais ces organisations doivent désormais répondre au-delà de la défense de leurs intérêts catégoriels, sur leur contribution au bien commun.

L’enjeu de communication est majeur. Comment convaincre l’opinion du bien fondé de leurs actions au regard de l’impact environnemental, économique et sociale de leur secteur d’activité ?

Il s’agit de sortir de l’entre soi et de la croyance fausse que « pour vivre heureux, vivons cachés ! ».  Communiquer est dangereux, mais ne rien dire l’est encore plus.

Dans un contexte où tout le monde parle, la cacophonie peut s’installer rapidement. Il est de même utopique de penser que l’organisation professionnelle pourra maîtriser tout ce qui sera dit. Il faut donc changer de posture, quitter celle de l’émetteur « top down ». Il convient de se mettre au service de ses audiences, pour mieux les observer les écouter et ainsi interagir avec elles. Ce n’est ni du lobbying au sens dévoyé du terme, ni de la communication promotionnelle, ce sont des actions qui relèvent davantage de la pédagogie participative.

Les nouvelles générations et les nouveaux supports média donnent un coup d’accélérateur à ces pratiques d’interaction et de visibilité. Les organisations professionnelles doivent les investir pour occuper leur place dans le paysage / débat médiatique !

Enjeu de taille que cette transformation à engager autant en interne qu’en externe. Mais passionnant défi à relever !

 

Valérie SENE

VALSENDO, la boussole des organisations professionnelles

 

[1] Nous nous intéressons ici aux organisations professionnelles sectorielles, laissant de côté les associations de défense comme les ONG, les associations d’élus (par exemple : Association des maires de France), les syndicats de salariés et les organisations patronales (Medef CPME)

[2] CEDAP : association qui représente les Délégués généraux des organisations professionnelles

[3] Pour rappel : Moyenne : somme des valeurs /Nombre de valeurs. Médiane partage la série de valeurs en 2 parties de même effectif 🙂

[4] Consultation PollingVox pour le Cedap

Laisser un commentaire