Je forme les étudiants de l’IHEDREA[1]en première année, aux fondamentaux de la Communication. A l’appui des apports théoriques, j’ai demandé à quelques professionnels de venir partager leur vision du métier.
Anne Richard Directrice de l’Interprofession des volailles de chair a accepté de venir expliciter la stratégie de communication de sa filière.
Quels sont vos grands messages ?
Il s’agit essentiellement pour nous, de répondre aux attaques sur le bien-être animal et d’expliquer les évolutions et les gros progrès réalisés par toute la filière dans le domaine. Il s’agit également de contrer les idées fausses d’une agriculture industrialisée, en France. Dans notre pays la taille des exploitations a toujours été modeste. Si par le passé ce fut plutôt considéré comme un frein, cette caractéristique nous redonne une longueur d’avance d’aujourd’hui. Bien sûr, il faut souligner le savoir-faire des éleveurs et faire passer un certain nombre d’informations sur la réalité de leur métier.
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Classiquement l’alimentation des volailles est composée d’une base de céréales additionnée protéines. Ces protéines issues de soja importé. Pour autant l’alimentation de nos volailles est à 80 % française et à l’échéance 2025 la filière a pris l’engagement de n’importer que du soja n’occasionnant pas de déforestation. De même nous avons baissé le recours aux antibiotiques de 60 % depuis 10 ans.
Quelles sont globalement les tendances de consommation ?
La tendance flextiariste impacte peu la filière volaille qui a la caractéristique d’être une « viande ingrédient ». C’est le marché de la restauration qui tire le marché les (3% de croissance annuelle) mais avec un recours massif aux produits d’importation.
La volaille est très présente dans la vente à domicile sous forme de salade César, nuggets, kebab[2]. Le recours plus fréquent au télétravail est une perspective positive, pour nous
En matière de communication, qu’est qu’internet a changé ?
L’émergence des réseaux sociaux est à la fois la meilleure et la pire des choses ! Nous sommes tous émetteurs ! Mais nous sommes tous en capacité de dire n’importe quoi ! Certains sous prétexte qu’ils ont une certaine audience s’autorisent à intervenir sur des sujets dont ils ne sont absolument pas experts !
Le buzz médiatique causé par quelqu’unes de leurs vidéos à charge qui tournent en boucle font un tort terrible à l’écrasante majorité des professionnels qui travaillent correctement !
Je ne remets pas en cause l’action des ONG, mais il faut comprendre que, comme tout acteur économique, elles ont un business model. Leur job, c’est faire des adhérents et elles le font assez fréquemment par le commerce de la peur. Ce serait mieux, y compris pour notre démocratie, que les parts de voix soient plus équilibrées entre débatteurs !
Comment vous débrouillez vous pour prendre malgré tout part au débat ?
Comparativement aux filières du lait, de la viande ou des céréales, nous avons 10 fois moins de budget. Nous ne pouvons donc pas aller massivement auprès du grand public. De plus nous sommes inaudibles car tout de suite taxés de partis pris. Nous communiquons donc de manière indirecte en communication institutionnelle. Nous faisons de la pédagogie auprès de relais comme les journalistes, les élus et les politiques. Et nous fournissons à nos professionnels les « éléments de langage » leur permettant d’expliciter leur savoir-faire et leurs démarches de progrès.
En matière d’attractivité, les métiers de la viande n’ont pas vraiment le vent en poupe…
Là encore une idée reçue difficile à contrer. Oui, le grand public a une perception passéiste de nos métiers. Mais ce sont des secteurs en pleine mutation agro écologique. Des métiers ou l’apprentissage est un tremplin et s’il y avait un message à retenir la filière volaille est un secteur qui recrute et offre de réelles opportunités d’évolution à vous, les étudiants !
Un grand merci à Anne Richard pour son intervention ce 29 mars 2021.
Dirigeante, fondatrice
Valsendo : la boussole des organisations professionnelles
[1] IHEDREA : L’Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole forme en quatre à cinq ans les managers et dirigeants de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’aménagement, de l’environnement et de l’immobilier.
[2] Les ventes sous forme de kebab incorporent une part importante volaille à côté de la viande dé référence qu’est l’agneau
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