C’est l’idée qu’a eu le collectif les « Agriculteurs d’Île-de-France » qui déploie depuis 2019, un projet apicole d’envergure. Agriculteurs, Apiculteurs et le Grand Public sont impliqués. L’objectif est d’expliquer les pratiques agricoles, favoriser la production locale de miel et animer le dialogue entre citadins et ruraux.
Tordre le cou aux idées reçues.
Non les apiculteurs ne sont pas contre les agriculteurs !
Mais il est vrai qu’entre les premiers, qui sont à 90% des amateurs[1] et les seconds essentiellement des professionnels, le dialogue peut parfois, être tendu.
« Il faut bien comprendre que les abeilles ont de gros besoin de nourriture au printemps. Heureusement que les champs de colza sont là ! Ça va leur permettre de produire en quantité ce fameux miel crémeux, de couleur claire. De même sans pollinisateurs, il n’y aurait pas de fruit dans les vergers » explique Jonas Delalande en charge d’un des 3 ruchers référents du dispositif. Il a repris la ferme familiale de Romainville, au cœur du parc naturel régional de la vallée de Chevreuse : 390 ha en blé, orge, maïs colza auxquels il a rajouté des lentilles et … 23 ruches ! Si son père lui transmis la passion des abeilles dès 2010, c’est à force d’observations, d’erreurs et de formations, qu’il conduit aujourd’hui, avec finesse son « cheptel » de buckfast : la variété d’abeilles réputée non agressive, productive, mais relativement fragile, en particulier au varroa (acarien parasite)
Beaucoup plus vulnérables qu’il n’y parait…
Oui les abeilles dérangées peuvent piquer ! Et il faut s’équiper en « cosmonaute » pour les approcher ! Mais une colonie d’abeilles est un écosystème fragile, finalement extrêmement vulnérable. Les menaces sont nombreuses :
- manque de nourriture (avec la diminution de la biodiversité, la disparition des « garde-manger» comme les haies, les forêts …),
- attaques parasitaires (dont le varroa, acarien redoutable et redouté),
- mauvaises pratiques agricoles ou apicoles (il est très facile de tuer une reine à vouloir trop la repérer !),
- conditions météorologiques et réchauffement climatique.
À retenir cependant : c’est davantage la combinaison de ces facteurs plus qu’un seul facteur (au hasard les pesticides !) qui précipite l’effondrement de leur population [2].
Il y a miel et miel …
11 000 tonnes produites en France pour 35 000 tonnes consommées. « Une seule solution pour consommer une production artisanale : repérer le nom de l’apiculteur sur l’étiquette. Tous les miels figent avec le temps donc attention aux mélanges sucrés chauffés » poursuit Jonas.
La révolution des balances connectées.
Les « Agriculteurs d’Île-de-France » ont déployé un réseau d’apiculteurs principalement sur les départements des Yvelines, de l’Essonne et du Val d’Oise. Ils se sont équipés d’une quarantaine de balances connectées. Placée sous la ruche, la balance enregistre en temps réel les variations de poids liées aux mouvements d’entrée et de sorties des abeilles, à l’évolution du stock de réserve. « Ainsi je peux piloter au mieux mes apports (sucre complémentaire) et ma gestion du rucher et affiner mes horaires de traitements agricoles » confirme Jonas
Compilé dans un bulletin hebdomadaire, les informations issues des balances sont analysées et assorties de conseils et recommandations pour le réseau des adhérents.
Bel exemple de communication positive
3 parcours de formation sont mis en place : initiation, approfondissement, professionnalisation – commercialisation ainsi qu’une charte d’engagement entre apiculteur et agriculteur. Plus de 180 personnes ont suivi l’un ou l’autre des programmes témoignant d’un fort besoin de connaissances. Des panneaux explicatifs, une news letter qui détaille les étapes indispensables de conduite d’un rucher, un site sont également à disposition. Ces outils pédagogiques permettent aux Apiculteurs et Agriculteurs de partager la découverte du monde étonnant et immersif des abeilles !
Au propre comme au figuré, l’abeille se révèle être un très bon vecteur de « dissémination positive »
À suivre… et à essaimer
Dirigeante, fondatrice
Valsendo : la boussole des organisations professionnelles
[1] Il faut plus de 150 ruches pour se déclarer professionnel, et 450 pour pouvoir en vivre. [2] 24,8 % de pertes en moyenne estimées à l’hiver 2020-2021 dont 15,8 % de mortalité comparativement à l’année précédente selon la plateforme ESA https://www.plateforme-esa.fr/sites/default/files/ENMHA_2020-2021_r%C3%A9sultats_pr%C3%A9liminaires.pdf
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