Ca va coûter plus cher, ça sera moins efficace et il faudra du temps… Mais nous n’avons pas le choix !

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Contexte macroéconomique porteur pour l’agriculture

Le Sommet des Nations Unies sur les Systèmes alimentaires de septembre 2021, a déterminé 3 priorités :

  1. Nourrir toute l’humanité
  2. Trouver des solutions fondées sur la nature
  3. Promouvoir des moyens de subsistance équitables ainsi que le travail décent et l’autonomisation des communautés

Nourrir toute l’humanité : l’enjeu est de taille ! Les Nations Unies annoncent 9,7 milliards d’habitants en 2050 dans leur scénario central. À l’heure actuelle, l’agriculture utilise près de 40 % des terres de la planète, dont quelque 70 % en pâturages. Il faudrait que la production mondiale augmente d’environ 14% sur la décennie, selon les projections de l’OCDE et de la FAO. Comme la surface des terres agricoles ne changera globalement pas beaucoup, il faudra gagner en productivité et donc intensifier la production agricole.

Plus les pays se développent, plus ils sacrifient à des modes de vie occidentalisée qui font une large place aux protéines carnées. Ainsi l’augmentation du revenu est directement corrélée à l’augmentation de la consommation de viande (ce qui n’est pas la meilleure nouvelle sur le plan environnemental… Pour rappel, l’agriculture est responsable de 24% des émissions de GES selon GIEC).

Paradoxe français

Alors que le contexte macroéconomique est porteur du fait de la demande mondiale, notre agriculture est en repli. Année après année, nous perdons des terres agricoles[1] et des agriculteurs. (Voir l’article : Transition agroécologique et transmission générationnelle)

La pression sociétale se fait plus pressante : les citoyens sont en avance sur les politiques dans leurs préoccupations environnementales. Le réchauffement climatique ne fait plus débat, c’est une réalité perçue et une source d’inquiétude croissante. Dans un contexte de défiance généralisée, l’exigence de traçabilité et de transparence se fait d’autant plus grande. Le consommateur veut reprendre de la maîtrise sur son alimentation. Il souhaite désormais être associé et considéré d’une façon ou d’une autre dans la chaîne de conception de son alimentation.

Cependant, le clivage lié aux inégalités sociales, s’accentue. Et il ne doit pas faire oublier que le prix reste un critère d’arbitrage déterminant en rayon, pour une grande majorité de ces conso’acteurs.

 

L’étau du prix : nous ne payons pas assez cher notre alimentation…

Et c’est bien le problème que d’arriver à desserrer cet étau du prix. Car du point de vue de la production agricole, nous ne payons pas assez cher notre alimentation ! Manque de rémunération et pénibilité siphonnent notre population agricole vieillissante.

Les pouvoirs publics ont fait un effort méritoire avec les lois EGALIM 1 et 2 pour « sanctuariser » les hausses des matières premières agricoles. Sauf que la plupart des intrants (emballages, énergie…) augmentent également. Et ces hausses de coût de production (parfois à 2 chiffres) sont très difficiles à faire passer auprès de la Grande distribution, arc boutée sur la défense du pouvoir d’achat. Le secteur, ultra concentré, se livre à une guerre des prix fratricides. Et la menace Amazon (emblématique des nouveaux entrants qui « disrupte » un marché)  n’est pas de nature à pacifier le climat.

Top 10 des Distributeurs mondiaux. Mars 2021 Fédération américaine NRF

Alors la solution ?

« Si elle était simple, ils l’auraient déjà trouvée ! », ai-je coutume de dire. Elle est nécessairement systémique, s’inscrivant dans un temps long et engageant les écosystèmes dans des transformations profondes à 3 niveaux :

  • au plan environnemental (biodiversité, carbone...) ;
  • au plan relationnel : gouvernance – représentativité – inclusivité ;
  • au plan de la résolution de problème : avec de la créativité, de l’innovation, de l’investissement financier et humain à mobiliser sur le long terme.

Oui, toutes les méthodes qui participent à la transition agroécologique, sous l’émergence récente du terme d’agriculture régénérative, vont couter plus chères, être moins efficaces et prendre du temps. Mais les effets, conjugués du vieillissement de notre population et de l’essoufflement de notre modèle de santé, va de nouveau souligner la primauté d’une alimentation saine et durable. Les garanties nutritionnelles et environnementales deviendront des clés d’accès au marché.

Et. quand nous aurons épuisé toutes les alternatives conventionnelles actuelles (érosion/épuisement des sols, contingentement de l’eau, envolée des intrants carbonés et industriels), l’agriculture régénérative apparaitra bien « meilleur marché ». Ses « first adapters » auront paradoxalement pris une longueur d’avance…

Valérie SENE

Dirigeante, fondatrice

Valsendo : la boussole des organisations professionnelles

[1] En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année.

source https://www.ecologie.gouv.fr/artificialisation-des-sols

 

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