2021 : faire humanité en toute raisonance

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L’année 2020 fut vraiment étrange… ! Fait inédit, elle nous a permis de démontrer que nous pouvions modifier, quasiment du jour au lendemain, nos comportements ! À n’en pas douter, certaines pratiques entreront définitivement dans nos habitudes : le port du masque, le recours au télétravail, les rendez-vous en visio… Cependant, bien d’autres de nos repères ont été bousculés par cette pandémie.

 

Perplexité par rapport au temps et à ce que nous savons

 

Perception du temps ralenti pendant ces confinements imposés, démonstration flagrante de notre difficulté à anticiper le futur, et nécessité de devoir désormais composer avec l’incertitude, autant d’expériences qui interpellent ce présent que nous devons réinventer.

Avec aussi cette terrifiante incapacité à capitaliser sur ce que nous savons déjà : par exemple, dans les années 50, les démographes des Nations Unies avaient approché, de façon tout à fait pertinente, avec les outils de l’époque, la fourchette des 6 milliards d’individus qui peupleraient la terre en 2000.

Prévi 1958 Prévi 1963 Prévi 1968 Prévi 1973 Réa 2000 Réa 2020
Moyenne 6 280 6 130 6 494 6 253 6 144 7 795

On sait donc beaucoup d’autres choses dans plein d’autres domaines… Mais, nous sommes handicapés par des biais cognitifs et un certain déni de responsabilité, pour agir…

 

Télescopage de nos « bulles » et féminisme

Nous avons vécu [1] également le télescopage des sphères domestique et professionnelle. Et nous avons touché du doigt l’équilibre fragile de la « life work balance » et du sens que nous mettons dans le travail. Le débat arrive vite sur la question stratégique de la répartition des tâches familiales entre conjoints … J’ai pu espérer que les choses aient évolué favorablement jusqu’à ce que mes nièces témoignent : « A 20 ans, en tant que femme, tout le monde t’applaudit. quand tu te lances sur le marché du travail !   Mais, aux abords de la trentaine, tu es interpellée  plus ou moins explicitement,  sur le choix que tu vas DEVOIR faire : ta carrière ou des enfants ? Jamais, on ne pose la question à mon collègue masculin, de 29 ans ! » Éternel dilemme toujours bien « genré » qui semble inoxydable au passage des générations ! [2]

Et qui pourrait paraitre totalement avant-gardiste à Ofélia Fernandez, 20 ans, figure de proue de la lutte pour l’avortement, en Argentine. C’est fou de constater, qu’il y a toujours, dans le monde, des pays où les femmes doivent se battre pour « leurs droits sexuels et reproductifs » et pour le plus élémentaire d’entre eux,  celui de pouvoir disposer de leur propre corps !

 

Lourd tribut individuel mais même choix collectif

Je connais plusieurs personnes qui ont attrapé, ce foutu virus. Certaines sont décédées… Je connais plusieurs personnes qui ont enterré qui leur mère, qui leur grand-mère… Lesquelles ont préféré se laisser mourir dans leur EHPAD … Je peine à imaginer la douleur indicible de ne pouvoir accompagner un proche comme il l’aurait souhaité, comme on l’aurait voulu…

C’est cette chape de plomb sur nos cœurs qui nous retient de nous souhaiter « une bonne et joyeuse année 2021 ! » Le moment parait inapproprié, à contre temps…

Pour autant tous les pays du monde, selon leurs propres modalités (!), ont pris l’option de contenir cette pandémie. Bien souvent un langage guerrier a été mobilisé mais force est de constater que finalement, tous les gouvernements ont décidé de préserver le maximum de vies humaines.

 

Alors pour finir, les mots de Paul Eluard[3]

 

« La lumière toujours est tout près de s’éteindre

La vie toujours s’apprête à devenir fumier

Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini

Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe

Et la chaleur aura raison des égoïstes

Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas

J’entends le feu parler en riant de tiédeur

J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert »

 

Je vous souhaite donc en 2021, de continuer à faire humanité en toute  raisonance 🙂

 

 

 

 

Valérie SENE

Dirigeante, fondatrice

Valsendo : la boussole des organisations professionnelles

 

 

[1] Pour ceux d’entre nous qui ont pu conserver une activité professionnelle. Et soutien en sororité à ceux qui « pointent ».

[2] Vertige passager à me demander si l’éducation transmise à nos 3 garçons les aura « armés » à administrer le changement…

[3] ELUARD : Dit de la force et de l’amour (Poèmes politiques, 1948)

 

1 réflexion au sujet de « 2021 : faire humanité en toute raisonance »

  1. Salut Valérie,

    J’ai lu avec grand plaisir tes textes… et je te souhaite – envers et malgré tous les virus du monde (pas seulement ceux qui relèvent de la biologie) – la meilleure année 2021 possible !

    Bien amicalement,

    Eric

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